Objection de conscience, MOC Rennes, Mouvement Objecteurs conscience, objectrices, conscience, objection, pacifisme, pacifique, paix, non-violent, non violence, non-violence, antimilitariste, against army, pax, association, service civil, alternative non violente, refractaires, insoumission, insoumis, deserteurs, service militaire, guerres, armes, armees, munitions, combats, tortures, emprisonnements, prisons, A.P.D., Appel preparation defense, protocole armee-education, loi, ministere, citoyen, reflexion, vente armes, conflits, oppositions, reflexion, lutte
CAUCASE ET ASIE CENTRALE

Tour d’horizon de l’objection de conscience.
Soutien aux objecteurs emprisonnés
Les contacts régionaux.

Objection de Conscience au Caucase et en Asie Centrale : Un droit non reconnu (ou si peu).

La grande majorité des infos ci-dessous proviennent de l’article de Silke Makowski, Un droit de l’Humain non reconnu : l’Objection de Conscience au Caucase et en Asie Centrale, publié par le Fusil Brisé n°56 ().

La situation dans l’armée

Le service militaire est plutôt impopulaire dans les républiques de l’ex-URSS de par les conditions déplorables qui ne font qu’empirer. Manque de nourriture, retard dans le paiement des soldes, maladies, violations des droits humains élémentaires par les officiers sont monnaie courante et les combats continuels avec des troupes rebelles dans certaines régions rendent la conscription encore plus dangereuse. Cette situation engendre non seulement un taux de suicide élevé chez les soldats et les conscrits mais aussi un élargissement des méthodes pour éviter le service y compris les pots de vin, l’insoumission et la désertion

Au Caucase comme en Asie Centrale, aucun état n’offre un libre choix entre le service militaire et une alternative civile, la plupart n’ayant pas même les bases légales pour un service de substitution. L’application de la loi sur le service civil pour les quelques pays qui l’ont voté n’est pas celle reconnue internationalement : en Géorgie, le service de substitution n’existe pas dans la pratique tandis qu’il est sujet à des pots de vin élevés au Kirghizistan et en Ouzbékistan. De surcroît, le service de substitution comporte une durée plutôt punitive et n’est pas complètement civil, particulièrement en Ouzbékistan ou il inclut une courte période militaire. C’est au Kirghizistan que l’objection de conscience peut s’exprimer le plus librement. Le service civil y rencontre d’ailleurs un franc succès.

En tant que membre du conseil de l’Europe (CoE), les états du Caucase doivent rejoindre les critères sur l’objection de conscience de la Recommandation 1518, qui fut adopté en 2001. Elle déclare, pour tout membre de l’armée, le droit à être reconnu comme objecteur de conscience à tout moment et à être informé des circonstances et procédures permettant d’obtenir le statut d’objecteur de conscience. Elle recommande aussi une alternative au service militaire qui soit totalement civile et non punitive. Bien que les états membres doivent garantir ces droits, la loi géorgienne montre ces limites tandis que l’Arménie et l’Azerbaïdjan n’ont voté aucune loi à ce jour. A noter que la plupart des pays européens dont la France ne suivaient pas cette même recommandation et que leur manière de s’y conformer fut la professionnalisation de leur armée et la suppression de la conscription. La France fut d’ailleurs condamnée à 4 reprises par le comité des droits de l’Homme de l’ONU à propos de la durée punitive du service de substitution. Si les objos finlandais n’ont, quant à eux, pas eu gain de cause, ils poursuivent leur mobilisation face à un service civil qu’ils jugent punitifs...

Objecter au Caucase

Arménie

La législation ne permet pas pour l’instant d’obtenir le droit à l’objection de conscience mais de par son adhésion au Conseil de l’Europe, le gouvernement arménien doit faire voter une loi pour un service civil d’ici 2003.

Deux textes différents ont été discutés dernièrement sans avoir été votés suite à l’engagement de l’Arménie devant le Conseil de l’Europe, à l’initiative de la commission parlementaire de défense et de sécurité. Tous deux envisageaient un service civil d’une durée punitive (42 mois soit 18 de plus que le service militaire) et avec des restrictions professionnelles : ceux ayant effectués un service civil auraient été exclus de tout poste officiel. Il n’aurait été accessible que pour certains groupes religieux et aurait été effectué dans l’armée, en faisant de fait, une sorte de service militaire sans arme. L’un des deux textes prévoyait la réduction du ‘service civil’ à 30 mois contre une contribution financière de 1 000 fois le salaire minimum mensuel (sic !) .

Azerbaïdjan

Le droit à effectuer un service militaire alternatif pour raisons de croyance est inclus dans la Constitution Azéri de 1995. Néanmoins, ces anciens décrets régulant le service militaire alternatif n’ont jamais été appliqués.

De par son adhésion au Conseil de l’Europe, l’Azerbaïdjan doit admettre le droit à l’objection de conscience. Un amendement à la constitution remplaçant la formule “ service militaire alternatif ” par “ service de substitution ” fait loi depuis un référendum en août dernier et une nouvelle loi pour un service civil devrait être votée d’ici décembre. Aucune information détaillée sur le service envisagé n’est disponible et une mise en place rapide de cette loi est elle-même sujette à question. Nous avons connaissance d’aucun objecteur de conscience emprisonné et des poursuites, à l’encontre de deux Témoins de Jéhovah, ont été levées de par l’évolution de la loi. Environ 2 600 déserteurs et insoumis au service militaire sont actuellement emprisonnés sans que ne soient connues leurs raisons d’être réfractaires.

Géorgie

Bien que différentes lois sur le service alternatif furent votées depuis 1991, aucune n’a été appliquée. La dernière ‘Loi sur le service civil alternatif’, voté en 1997, ne rejoint pas non plus les critères du Conseil de l’Europe vu que le service de substitution envisagé est d’une durée plutôt punitive (36 mois pour 24 mois de service militaire) et ne serait probablement pas entièrement civil.

En pratique, aucune procédure pour l’application impartiale du service de substitution n’a encore été mise en place bien que plus de 300 personnes aient fait une demande. L’exemption du service ne peut être obtenue que contre espèces sonnantes et trébuchantes.

Ces dernières années, les autorités géorgiennes ont souvent évité d’appeler sous les drapeaux les Témoins de Jéhovah afin d’éviter la confrontation directe à l’objection de conscience. Du coup, comme la plupart des jeunes hommes ne veulent pas rejoindre l’armée de par les conditions de service déplorables, le nombre des Témoins de Jéhovah en Géorgie est en forte augmentation.

D’après le ministère de la Défense, 167 réfractaires sont en ce moment emprisonnés mais il n’est pas clair si certains ont évoqué des motifs de conscience.

Abkhazie

La constitution de 1994 de la république autoproclamée d’Abkhazie, laquelle n’est pas internationalement reconnue mais est considérée comme une région de Géorgie, n’intègre pas le droit à une alternative au service militaire. Des discussions au sujet d’une loi pour un service de substitution ont eu lieu l’an dernier, sans suite. Entre 1995 et 2000, au moins 30 Témoins de Jéhovah ont été emprisonnés pour refus de servir dans l’armée, l’un d’entre eux était toujours en prison en décembre 2001.

Objecter en Asie Centrale

Kazakhstan

Le droit à l’objection de conscience n’est pas reconnu et il n’y a pas de dispositions pour un service de substitution. Les différentes discussions quant à un service alternatif n’avaient pas pour propos de mettre en place un service civil mais d’aménager le service militaire en combinant un court entraînement militaire avec différents travaux.
La persécution des objos, principalement des Témoins de Jéhovah, fut une problématique continue pendant de nombreuses années. Comme la loi sur le service militaire permet aux “ personnes des ordres religieux ” d’être exemptées de service militaire, les Témoins de Jéhovah kazakhs sont parvenus à un accord avec le gouvernement en 1997 en déclarant tous les adeptes de leur foi comme étant des officiants religieux. Depuis lors, aucune communication quant à des objos emprisonnés n’a été reçue.

Kirghizistan

Le service alternatif a un passé relativement long au Kirghizistan avec une première loi passée en 1992. La loi sur le service alternatif de 2001 a raccourci la durée du service de 36 à 24 mois tandis que le service militaire est passé de 24 à 12 mois en 2002.

D’après la nouvelle loi, le service de substitution peut être exécuté dans une administration non militaire. 20 % du salaire est reversé au Ministère de la Défense. Faire un service civil est très répandu : au printemps 2001, plus de 70 % des appelés ne voulaient pas servir dans l’armée et prêt de la moitié des 3 500 conscrits a été appelée à effectuer le service alternatif. Un nombre croissant de désertions s’y ajoute posant un énorme problème à l’armée kirghize forte de seulement 12 000 hommes.

En novembre 2001, il y eut un cas d’objo harassé par les autorités kirghizes : le Baptiste Dimitri Shukhov a fait l’objet d’une enquête psychiatrique suite à son refus d’effectuer le serment d’allégeance à l’armée. Les officiels lui avaient refusé l’accès au service civil car son Eglise refuse de se déclarer auprès des autorités.

Tadjikistan

Le droit à l’objection de conscience ne fait pas partie de la législation Tadjik. De ce fait, il n’y a aucune base légale pour effectuer un quelconque service de substitution pour le moment et il ne sera pas introduit ces prochaines années.
Rien ne filtre quant aux personnes refusant d’effectuer le service militaire pour des motifs religieux ou éthiques mais la désertion et l’insoumission sont répandues. Un nombre croissant de jeunes hommes évite le service militaire en s’exilant pour chercher du travail à l’étranger. L’étendue de la désertion a rendu nécessaire de l’intégrer à une loi d’amnistie en 2001 sous condition pour les réfractaires d’accepter de servir par la suite.

Turkménistan

La législation turkmène ne permet pas de refuser le service militaire et une loi pour une alternative civile ne semble pas être à envisager au cours des prochaines années.

Les objos, principalement des Témoins de Jéhovah ou membres de groupes religieux similaires, sont passibles de condamnations à plusieurs années de prison d’après le code criminel et ils effectuent souvent leurs peines dans des camps de travail aux conditions terribles. Dans de nombreux cas, leur libération des obligations militaires est refusée si les prisonniers n’acceptent pas d’effectuer un serment d’allégeance au président.

En septembre 2002, au moins 2 Témoins de Jéhovah étaient emprisonnés pour raison de conscience.

Ouzbékistan

La loi de 1992 sur le service alternatif intègre un service de substitution de 24 mois lui aussi accessible pour motifs religieux. Il est actuellement conditionné à un pot de vin. Si le pot de vin est conséquent, il est même possible d’éviter tout service. Le service de substitution est très populaire : le nombre de personnes appelées à effectuer le service alternatif est trois fois plus important que le nombre des incorporés dans l’armée. Ce service alternatif n’est pas un service civil vu qu’il intègre deux mois de classe. Le reste du temps est passé à effectuer des tâches serviles mal payées dont environ 20 % du revenu est reversé au Ministère de la Défense.

En ce moment des discussions sont en cours pour que la loi soit modifiée mais aucun projet n’a encore été rédigé.

En pratique, les objos qui refusent la pratique du pot de vin sont toujours punis : plusieurs Témoins de Jéhovah sont chaque année condamnés à des peines avec sursis ou a des amendes très élevées.

Soutien aux objecteurs emprisonnés

Vous trouverez ci-dessous les adresses d’objecteurs dont nous avons eu connaissance de l’emprisonnement de par leur objection de conscience. Ils sont assez peu nombreux pour la simple raison que très peu d’opposants à la conscription sont organisés comme vous avez pu le lire ci-dessus. Les seuls sont les groupes religieux et particulièrement les Témoins de Jéhovah. Cela n’empêche qu’ils sont de nombreux autres à tout faire pour éviter d’être militaire et à le payer de leur liberté tel qu’en Azerbaïdjan.

Voici quelques conseils pour le soutien :
- Briser l’isolement par l’envoi de cartes et lettres.
Même lorsque vous envoyez une carte postale, toujours la mettre dans une enveloppe et indiquez le nom et l’adresse d'expédition sur l'enveloppe. Faites des courriers individuels même s’ils sont plusieurs dans le même lieu d’incarcération. Soyez diserts et créatifs : ne pas hésitez à joindre des photos et dessins, particulièrement pour franchir la barrière de la langue. Mettez vous à la place de la personne et réfléchissez à ce que vous souhaiteriez recevoir si vous étiez en prison. Attention à ne rien écrire qui puisse être préjudiciable au prisonnier. Evitez de commencer par "Vous êtes si brave, je ne pourrais jamais faire ce que vous avez fait"...
Ne jamais envoyer de nourriture. En revanche, de la littérature : livres, magazines est souvent un envoi apprécié.
Les gestes envers les prisonniers font la différence. Montrez votre solidarité !

N’hésitez pas non plus à interpeller les ambassades et consulats de ces pays sur la question, par courrier/fax ou par l’action !

Arménie

Tous les objecteurs incarcérés nommés ci-dessous sont Témoins de Jéhovah.

Incarcérés au Kosh Corrective Labour Colony, Kosh, Arménie :

Amayak Karapetyan 03/11/00–02/05/03
Armen Yeghiazaryan 30/03/01–29/03/04
Artashes Atoyan 03/12/01–02/12/03
Araik Sargsyan 12/12/01–11/12/03
Armen Vardanyan 17/01/02–16/01/04
Spartek Sargsyan 23/01/02–22/07/04
Rafael Alaverdyan 30/01/02–29/01/04
Araik Bagdasaryan 01/02/02–31/07/04
Vardan Torosyan 01/02/02–31/07/04
Yerem Kh’lkhatyan 26/02/02–25/02/04
Karen Ambartsumyan 12/03/02–11/09/03
Andrey Alaverdyan 15/03/02–14/03/05
Abgar Minasyan 25/03/02–24/03/03
Arman Avetisyan 09/04/02–08/04/04
Hovannes Serobyan 17/04/02–16/04/04
Gagik Gevirkyan 25/04/02–24/04/04
Ambartsum Nersisyan 30/04/02–29/04/04


Vanadzor Prison, Vanadzor, Arménie :

Armen Alikhanyan 29/04/02–28/10/03


Nubarashen Prison, Nubarashen, Arménie :

Saak Oganesyan 02/06/02–
Sarkis Oganesyan 02/06/02–
Zhirayr Sukiasyan 03/06/02–
Les dates de sortie présumées nous sont inconnues.


Nubarashen–2 Prison, Nubarashen, Yerevan, Arménie :

Henrik Hovinikyan 14/01/02–30/07/04


Artik Corrective Labour Colony, Artik, Arménie :

Vahan Mkroyan 12/12/00–20/12/03


Pour les trois personnes qui suivent, l’adresse d’incarcération nous est inconnue :
Artur Kazaryan 18/09/02–17/09/03
Hratch Tatoyan 15/08/02–14/08/04
Vagan Bayatyan 09/02–03/04 (18 mois)

Turkménistan

Kurban Zakirov 23/04/99–22/04/08
Turkmenbashi labour colony Respublika, Turkmenistan, BPT–5,p/p V.S. g. Turkmenbashi, Turkménistan

Nikolai Shelekhov 02/07/02–01/01/04
Lieu d’incarcération inconnu.

Tous deux sont témoins de Jéhovah !

Les contacts régionaux

OSI Assistance Foundation, 1 Pushkin St, apt 11, Yerevan 375010, Arménie.

Human Right Center of Azerbaijan, (Eldar Zeynalov) PO Box 3 Baku 370000, Azerbaïdjan.

Initiative Group of War Resister’s International – Georgia, (Usha Nanuashvili), 144 Dolidze St, Tbilissi, Géorgie.

Kazakhstan International Bureau for Human Rights & Rule of Law, (Jevgeny Zhovtis), Masanchy st 57a/404-405, 480012 Almat, Kazakhstan.

Kyrgyz Comittee for Human Rights, (Ramazan Dyryldaev), Ivanitsina st 123, apt 87, 720011 Bishkek, Kirghizistan.

Tajik Center for Human Rights, (Junaid Ibodov) Tadjikistan :

Human Rights Society of Uzbekistan, (Talib Yakubov), 27/15 Yunusabas – 4 Tashkent 700093, Ouzbekistan